Voici un genre
ZENAIDA qui regroupe de tourterelles du Nouveau Monde. Il a été créé par Lucien Charles Bonaparte, pour honorer sa femme et cousine Zénaïde Laetitia Julie, fille de son oncle Joseph Bonaparte (frère de Louis Napoléon Bonaparte). Bien que ce mariage fût arrangé, ils eurent quand même 12 enfants. Zénaïde signifie qui craint Dieu…
Zenaida macroura : Tourterelle tristephoto de Alan D. Wilson avec son aimable autorisationmacroura : de
macros (grand) et
oura (queue). Elle a une longue queue étagée très remarquable...
triste : en raison de la tonalité de son chant; en allemand, c’est
Carolinataube (pigeon de Caroline), l’oiseau vit aux Etats-Unis et au Mexique. Cette idée de tristesse se prolonge en allemand
trauertaube (
trauer, triste) en espagnol (
Paloma lugubre) ou en anglais (
Mourning Dove).
Zenaida meloda : Tourterelle côtièrephoto de Patrick Ingremeau avec son aimable autorisationmeloda : de
melodus (mélodieuse) voilà enfin un chant reconnu chez les Colombidés, comme une qualité ! Vivant sur la
côte pacifique de l’Amérique du Sud, on la nomme
Pacific Dove, ou Tourterelle du Pérou (
Perutaube) en allemand.
Zenaida asiatica : Tourterelle à ailes blanchesphoto de Alan D. Wilson avec son aimable autorisationasiatica : qui proviendrait d’Asie… décrite par Linné en 1758, visiblement une erreur d’étiquetage dès réception du premier spécimen décrit ! D’ailleurs Buffon, qui décrit les Zenaïdes sous le nom de
Tourte, relève cette curiosité, en doutant de l’origine du spécimen présenté : «
Au reste, nous observerons que cet oiseau a beaucoup de rapport avec celui donné par M. Edwards, et que le sien pourroit bien être la femelle du nôtre. La seule chose qui s’oppose à cette présomption fondée sur les ressemblances, c’est la différence des climats ; on a dit à M. Edwards que son oiseau venoit des Indes orientales, et le nôtre se trouve en Amérique, ne se pourroit-il pas qu’il y eût erreur sur le climat dans M. Edwards ? Ces oiseaux se ressemblent trop entre eux, et ne sont pas assez différens de la tourte, pour qu’on puisse se persuader qu’ils sont de climats si éloignés; car nous sommes assurés que celui dont nous donnons la représentation, a été envoyé de la Jamaïque au cabinet du Roi. » Hist. Nat. Tome 17 – page 558-559.
En toutes langues, c’est un critère physique (ailes blanches -
White-winged Dove, Weißflügeltaube, Zenaida Aliblanca, Tortora alibianche) et non géographique qui sert à sa désignation… heureusement !
Zenaida auriculata : Tourterelle oreillardephoto de Eduardo A. Jordan avec son aimable autorisationauriculata : du latin « qui a de petites oreilles », on la nomme aussi « à oreillons »,
Eared-Dove , à cause des deux petites bandes auriculaires qui marquent cette zone,
Ohrflecktaube... Zenaida aurita : Tourterelle à queue carréephoto de Solène Maille, avec son aimable autorisationaurita : du latin «qui entend, qui est attentif… », et c'est surement, comme pour la précédente, une référence à la bande auriculaire marquée. Cette tourterelle vit dans les îles des Antilles, et sur les côtes du Yucatan (
Küstentaube = Tourterelle des côtes). Si sa queue est
carrée (nom français), c’est surtout les marques blanches aux extrémités des rémiges secondaires, qui la distingue de la précédente ! En anglais on la désigne très simplement par tourterelle Zénaïde :
Zenaida Dove !
Zenaida graysoni : Tourterelle de Socorrophoto de Pierre de Chabannes avec son aimable autorisationgraysoni : dédiée à Grayson (1819 -1869) militaire ornithologue américain, qui étudie les oiseaux de Californie et du Mexique.
Socorro : cette espèce est éteinte à l’état sauvage, elle était endémique à quelques îles mexicaines pacifiques(dont celle de Socorro). Il ne subsiste plus qu’une population captive, sans espoir de réintroduction,car son milieu d’origine est désormais complètement dégradé !
Zenaida galapagoensis :
Tourterelle des Galápagos photo de Steven Joscelyn avec son aimable autorisationgalapagoensis : qui vit aux Galápagos... iles découvertes en 1535, elles furent appelées "Insulae de los Galopegos" (Îles des
tortues). La tourterelle endémique, insulaire, comme presque toute la faune de ces iles, n’est presque plus présente dans nos élevages, après avoir était assez fréquente il y a 20 ans...
Autrefois considérée comme un genre particulier (
Nesopelia de
neso = ile et
peleia = tourterelle) elle est aujourd’hui rattachée au
Zenaida, bien qu’elle s’en distingue par sa queue courte, ses grandes pattes et son long bec...
Voilà le tour étymologique de ces 6 espèces, distinguables parfois par quelques détails, et formant un groupe homogène de tourterelles ... cousines américaines de nos
Streptopelia de l'Ancien Monde. Elles sont assez peu courantes dans nos élevages, par manque de colorations chatoyantes ! Dommage, elles sont assez robustes pour la plupart...