Un extrait de l' article sur la colombe bleutée, écrit par notre ami Marc, paru dans la revue" les oiseaux du monde" en Janvier 2005.
Expérience d’élevageAprès une période d’observation et d’adaptation, le couple est libéré dans ma Serre Volière.
Cet espace planté, abrite d’autres espèces (petits exotiques, petites colombes, insectivores..) se partage en deux zones : un abri couvert vitré (type Serre) et une volière extérieure. En hiver, je réduis la communication entre les zones grâce à deux passages obturateurs. Pas d’éclairage complémentaire, pas de chauffage, je suis en région marseillaise.
La première année, le couple se maintient uniquement dans la partie couverte et fortement plantée. Vers mi-février, le mâle commence à poursuivre la femelle, qui visiblement n’est pas prête à accepter ses avances. A part l’agitation, les poursuites, tout se déroule discrètement et silencieusement : étrange pour des colombidés… ce n’est qu’en juillet que je perçois un son inconnu dans la serre : un appel bref, sourd et sonore, illocalisable, et répété avec prudence : coo…… coo…… coo. C’était l’appel du mâle !!
(pour l’écouter un site :
http://www.naturesongs.com/CRsounds.html#LCOLU )
Une reproduction s’en suit, avec au final deux jeunes sevrés, un sur deux par nichée. Je perds la femelle en automne.
Décidé à poursuivre avec cette espèce, mais déçu par les jeunes obtenus (voir plus loin), je trouve une femelle auprès d’un éleveur connu du coté de Vierzon, grâce aux petites annonces. Cette jeune femelle, de propre élevage, accepte son compagnon et se met à nicher à son tour régulièrement.
La parade :
C’est une parade singulière, sans salutations, mais sur une branche, le mâle entame devant sa partenaire une danse sur place, mêlant piétinement ostentatoire, rotation sur lui-même, hochement de queue déployée. La femelle baisse les ailes, lisse quelques plumes, et accepte parfois l’accouplement. Une ébauche de nourrissage, pas toujours complet, précède aussi l’accouplement.
Le nid, composé de racines, de brindilles fines, d’herbe sèches, est établi dans la végétation de préférence, chez moi pas en dessous de 2,20m. Le couple profite aussi de support mis à sa disposition : corbeille, pot de terre, caisse bien ouverte…
Les deux partenaires couvent en alternance, selon l’usage chez les Colombidés. Après 14 jours de couvaison (2 œufs blancs pondus à 24 heures d’intervalle), les jeunes naissent. Moins farouche, le mâle accepte la visite du nid. Bagué en 4 mm au 8ème jour, ce diamètre se révéla trop juste par la suite. Maintenant, je conseille d’utiliser du 4,5mm. Les jeunes quittent le nid à 14 jours, parfois avant et se tiennent cachés dans la végétation basse ou au sol. Le mâle se perche alors non loin et appelle souvent pour garder le contact. Quelques problèmes rencontrés : chez certains sujets issus des 2 femelles successives, une déformation d’une patte (glissement latéral des doigts) et parfois du bec (courbure exagérée). On me conseilla de réduire l’aliment poussin trop riche, de mettre un œuf clair dans le nid pour éviter que la femelle n’appuie trop sur les jeunes !
Les oiseaux n’étant pas consanguins, la dégénérescence génétique ne pouvait en être à l’origine. Je n’ai toujours pas compris l’origine de ces déformations (carences ?) qui ne se sont pas renouvelées régulièrement depuis.
Les jeunes ressemblent à la femelle (couleur brune). Ce n’est qu’au bout de 2 mois environ que les jeunes mâles laissent paraître leur teinte grise caractéristique. On note toutefois une teinte plus foncée pour les mâles en plumage juvénile.
La mue s’achève avec le renouvellement des plumes de couverture. Pourtant cette première année, les marques alaires n’ont pas leur position définitive, ce n’est qu’au cours de la 2ème année que cette disposition révélera ce superbe alignement caractérisant cette espèce.
Nourriture :
Je fournis une alimentation variée pour répondre aux exigences des diverses espèces présentes. Aussi les oiseaux disposent en permanence :
d’un mélange « exotique », d’un mélange « grande perruche », de pâtée jaune aux œufs, d’une pâtée universelle aux insectes, de granulés poussin 1er age, en période d’élevage et depuis peu de granulés extrudés.
Les colombes se nourrissent au sol mais vivent perchées (d’ailleurs plus que les Colombina)
Cohabitation
Pas de difficulté au départ : les jeunes passent les premiers jours contre les parents. Puis, une fois le vol maîtrisé, continuent à se faire nourrir, mais ne dorment plus en famille.
Enfin, une fois les couleurs acquises, chez moi, le mâle règne sur la serre, les jeunes restant à l’extérieur. Il vaut mieux ne garder qu’un seul couple par volière mais cette espèce peut partager son espace avec d’autres oiseaux, y compris, chez moi, avec de petits Colombidés.
Situation en élevage
La colombe bleutée, déjà peu importée, nécessite en France l’obtention du Certificat de Capacité (ou d’Autorisation de détention pour moins de 6 sujets) pour être détenue, déplacée (dispositif abrogé depuis 2006) et à fortiori pour concourir. Ces conditions limitatives ne favorisent naturellement pas son extension dans nos élevages bien que l’espèce ne soit pas menacée dans la nature.
Heureusement, on relève toutefois une présence assez bien établie chez les amateurs en lisant minutieusement des petites annonces !