Expérience d'élevage : Toucan Ariel
Texte et photos : Alain COLLOT
PICIFORMES Ramphastidae Ramphastinae
Ramphastos sulfuratus Toucan à carène Keel-billed Toucan
Ramphastos brevis Toucan du Choco Choco Toucan
Ramphastos citreolaemus Toucan à gorge citron Citron-throated Toucan
Ramphastos culminatus Toucan à culmen jaune Yellow-ridged Toucan
Ramphastos vitellinus Toucan ariel Channel-billed Toucan
Ramphastos (vitellinus) aurantiirostris Toucan à bec orange Orange-billed Toucan
Ramphastos dicolorus Toucan à ventre rouge Red-breasted Toucan
Ramphastos swainsonii Toucan de Swainson Chestnut-mandibled Toucan
Ramphastos ambiguus Toucan tocard Black-mandibled Toucan
Ramphastos tucanus Toucan à bec rouge Red-billed Toucan
Ramphastos cuvieri Toucan de Cuvier Cuvier's Toucan
Ramphastos toco Toucan toco Toco Toucan
Les toucans sont bien connu du grand public pour leur bec caractéristique.
Il en existe 12 espèces pour 41 sous espèces.
Actuellement, il n'est pas en danger immédiat dans la nature et aucun d'entre eux n'est repris en annexe I-A.
La population captive n'est pas très nombreuses et même s'il n'est pas en difficulté immédiate, la déforestation, les changements climatiques, les pollutions diverses ne manqueront pas dans un avenir plus ou moins proche de le mettre en difficulté comme beaucoup d'autres espèces.
Nous avons donc de bonnes raisons pour prendre grand soin des sujets captifs et pour apprendre à maîtriser leur élevage.
Notre aventure débute en octobre 2003 en Hollande, à l'occasion d'une visite chez un importateur.
Parmi plusieurs espèces, nous avons repéré deux sujets : Pas les plus gros, pas les plus colorés, pas les plus chers mais qui nous paraissaient bien s'entendre et avec des caractéristiques physiques qui nous laissaient à penser qu'il pouvait s'agir d'un couple.
Après réflexion, nous avons décidé d'acquérir les deux sujets mais de différer leur accueil afin de se laisser le temps de s'organiser à la veille de l'hiver. (Négociation avec l'importateur, paiement d'un acompte conséquent et retour).
Dès notre retour : recherche d'info. Ce que nous avons trouvé de mieux était une présentation d'avril 2001, inspirée de "Toucan Husbandry Manual for the AZA Piciformes TAG" par Bob Seibels et Martin Vince du Zoo de Riverbanks Zoo essentiellement basée sur le Toco.
Dans la foulée : Acquisition du matériel (volière d'hivernage, nichoir, perchoirs) et de la nourriture adaptée.
Trois semaines plus tard, arrivée des oiseaux en Touraine! Ils sont en bonne forme et logés dans une volière de 2m*1m*2m, aménagée à leur intention et dans une véranda tenue hors gel.
Tout nous laisse à penser qu'ils avaient environ 1 an. L'hiver s'est passé sans encombres et nos oiseaux s'entendent bien et sont en pleine forme.
Dès le mois de mars, il a été temps de les mettre en volière extérieure.
Débat avec les copains : Tu devrais les mettre en grande volière, avec des bambous, leur donner ceci et cela… mais nous sommes têtus et n'en faisons qu'à notre tête!
La volière extérieur : 2m*2m et 2.5m de hauteur, deux nichoirs (différents) que nous espérons adaptés, des perchoirs choisis et disposés avec soin, un choix de fruits frais chaque jour, des granulés "Frugivores", des madeleines à volonté, de l'eau fraîche en permanence et bains à volonté, beaucoup de surveillance, surtout de quoi se cacher pour celui des deux qui pourrait être agressé par l'autre… et nos deux adolescents qui semblent bien heureux mais pas pressés de s'assurer une descendance! Peu importe, rien ne presse!
Déjà octobre! Retour à la volière d'hivernage! Là encore débat! Il ne faudrait pas les changer de volière, il faudrait couvrir la volière extérieure, mettre des barreaux chauffants, une lampe…mais encore une fois, il n'en fait qu'à sa tête! L'hiver se passe sans encombre!
Arrive le printemps et le retour à l'extérieur! Les parades sont plus nombreuses, les périodes d'agressivité (les cachettes s'avèrent indispensables) se multiplient, les visites aux nids aussi et rapidement ils retiennent le nid bûche. Courant juin, j'assiste aux premiers accouplements.
Un peu à la manière des Aras, la femelle se penche en avant sur un perchoir, le mâle se met à côté, prend le bec de la femelle avec le sien, lui pose une patte sur le dos et le contact se fait par le côté.
Les 7 et 8 juillet, la femelle se tient souvent au nid. Le 9 juillet : visite du nid et découverte de deux œufs tout blanc d'environ 20/35, arrondis à un bout et pointus à l'autre.
A noter : A plusieurs reprises nous avions tenté de donner dans le nid des matériaux tels que tourbe et terreau, noyaux de cerises, écorces, feuilles…qu'ils avaient toujours évacué! Les œufs sont déposés sur le bois sans aucun apport de matériaux. Dans la nature, ils utilisent souvent des troncs de cocotiers qu'ils aménagent à leur dimension en arrachant les fibres mais à défaut de cocotier nous leur avons proposé du chêne avec quelque inquiétude!
Le 15 juillet au matin, des coquilles par terre…accident? Rejet d'un œuf non fécondés ou mort? Intense surveillance, visites très matinales, stress… et le 23 juillet de nouveau des coquilles au sol! Dès la première sortie du nid, visite et oh! Surprise! Un petit tout rose(bec compris), sans duvet, aveugle…moche quoi! Mais bien vivant!
Nous avions fait le choix d'un élevage naturel par les parents et il est temps de mettre en œuvre le protocole que nous avions préparé au cas où.
Protocole :
Mise à disposition des parents de :
Grillons de 2.5cm, de morillos et de teignes de ruche.
Pendant la première semaine, les parents ne donnent que de la nourriture vivante ( tout sujet mort est dédaigné!) qu'ils préparent dans leur bec et projettent ensuite dans le bec du jeune.
Après cinq jours, nous proposons des croquettes pour "chattes nourricières", sans fer, très peu de sulfate de cuivre, pas d'abats…choisies parmi une dizaine de marques et sur commande!
Servie légèrement trempées, elles sont utilisées immédiatement en complément de la nourriture vivante bien que les parents n'en ai jamais eu.
Petit à petit, le régime va évoluer progressivement pour arriver vers 2 mois à la nourriture des parents : Fruits, granulés frugivores et madeleines.
Le nid : Il reste très propre, sans aucune trace et les parents ne laissent rien.
Le jeune :
A neuf jour, le bec commence a changer de couleur pour passer au gris clair.
A quinze jours, il est bien gras, toujours sans plumes, les yeux fermés mais le bec devient plus foncé et le cri change.
A 24 jours, il ouvre les yeux et les plumes des ailes et de la queue commencent à pointer.
A 30 jours, les croquettes sont servies sèches, arrêt des grillons, maintient des morillos…
A 40 jours, le plumage est bien avancé, les couleurs apparaissent et le petit devient une miniature des parents.
A 45 jours, il faut se lancer! Le petit montre son bec par l'orifice du nid, observe l'extérieur et rapidement en sort pour ne jamais plus y retourner.
A 50 jours, le mâle cesse de nourrir le petit et chasse de nouveau la femelle qui n'est pas prête, l'empêchant elle même de le nourrir. Nous choisissons d'isoler le mâle dans une volière voisine ou il peut les voir sans les mettre en danger.
A 60 jours, le petit est totalement autonome et peut être sevré.
Un regret toutefois :
La convention de Washington et le Règlement Européen encourage l'élevage notamment en descendant d'une catégorie les oiseaux de source C, c'est à dire issu de deux parents nés en captivité.
Aujourd'hui, ce jeune est susceptible de produire une descendance de source C à condition de lui trouver un(e) partenaire lui(elle) même né(e) en captivité et à ce jour, (en dehors de ses éventuels frères et sœurs) je n'en connais pas.
Cette expérience est relatée de façon un peu laconique mais il ne s'agit que d'un petit résumé.
C'est donc avec plaisir que j'accueillerai toutes remarques et propositions et que je me tiens à disposition d'éventuels détenteurs (amateurs de préférence) qui souhaiteraient communiquer sur ce sujet.